En voilà une question intéressante. Tellement intéressante que j'ai pris mon courage à deux mains, acheté un pavé avec une couverture verte toute calligraphiée et que j'ai commencé à lire. Je dois entre temps rappeler qu'essayer de me convertir à une religion quelle qu'elle soit me rappelle les pubs de serviette hygiénique à la télé. N'y voyez s'il vous plaît aucun rabaissement de la religion musulmane en particulier ou de la religion en général, mais ce sont deux choses dont je n'aurai jamais usage, ni maintenant ni plus tard. Il y en a qui en ont besoin, tant qu'ils ne me forcent pas à des absurdités insurmontables, je m'en fous un peu.
Bref, je disais donc que j'ai essayé de lire ce livre écrit en l'an 600 et des brouettes il me semble, et je vous le donne en mille: rien à voir avec la Bible. J'ai lu autant des deux bouquins, environ 50 pages. Oui, je sais, c'est peu, mais on m'a toujours dit de ne pas abuser des bonnes choses. Bref, la Bible, plus précisément l'Ancien Testament vu par les Gidéons qui distribuent leurs Bibles gratuitement en Angleterre, ça commence comme du Tolkien, avec des gars qui vivent 200 ans et qui ont une cinquantaine de gosses, et ça se fait la guerre, et ca se reproduit avec les soeurs, les frères, et les cousin(e)s, bref un peu du grand n'importe quoi quand même. Alors que le Coran, non. C'est direct les conseils pratiques de ce qu'il faut faire et ne pas faire. Ça fait un peu penser à un code de la route, ou un code pénal.
Le problème du Coran est l'inverse de celui de la Bible. Dans la Bible, quand Jésus devient le héros, (je triche un peu, j'ai pas lu ces passages récemment, mais j'etais au catéchisme quand j'étais petit), c'est paraboles, métaphores, il faut chercher entre les lignes ce qu'il veut nous dire (pour 'amenez-moi les petits enfants', faut vraiment lire entre les lignes). Le Coran quant à lui nous dit sans détours ce qu'il faut faire pour être un bon mulsulman. Moins marrant que la Bible, un peu plus rébarbatif, mais plus pratique. Et ça les gênait pas de faire plein de répétitions à l'époque. Bref, pour le style et l'intrigue, bien en dessous de la moyenne. Mais c'était pas le but non plus. Si maintenant, il faut faire des jolis livres pour expliquer des trucs compliqués aux gens, où va le monde!
Ou c'est la traduction que j'ai eue qu'est pas bonne, ce qui est très (très) souvent le cas. La faute à l'Arabe Ancien: l'Arabe Ancien s'écrit comme le Farsi (la langue parlée en Iran) et le Tadjik (-istan): avec l'alphabet arabe, mais sans les petits points qui parsèment les grands traits. Les petits points, comme je dis, ce sont les voyelles. Les voyelles sont apparues bien plus tard. Un peu comme le vieux français écrit un peu n'importe comment au Moyen Age jusqu'à ce que certains se penchent sur le problème et créent les règles qui font de la langue française l'idiôme le plus joli du monde. Mais je m'égare, délaisse (Strasbourg, voie 7) mon sujet. Donc le Coran a été écrit sans les voyelles. Je le sais, j'ai vu des copies, quasi les premières, dans la forteresse de Boukhara en Ouzbékistan (alors, là, le pourquoyeur est jaloux...), ville aux 1000 écoles coraniques et berceau de la théologie musulmane depuis la nuit des temps (ou plutôt depuis que les Zoroastres se sont convertis). Même les Soviétiques n'avaient pas pu arrêter la puissante culture théologique de l'endroit. Bref, des experts de partout. Si on vous donne un livre sans les voyelles, et qu'on vous dit de le lire, il est fort possible que votre voisin à qui on a demandé la même chose aura un résultat sensiblement différent du vôtre. Le fait que le Coran n'utilise pas de métaphores, la moindre erreur dans la traduction peut générer bien des différences dans l'interprétation des sourates.
Une autre approche pour la compréhension du Coran est d'aller au delà de l'aspect direct de l'ouvrage. Il faut s'efforcer d'essayer de lire entre les lignes pour en retirer un enseignement propre. Contrairement à la Bible où l'on est forcés de prendre du recul, il est très facile pour le lecteur du Coran de tout prendre au pied de la lettre, et c'est de là que vient l'extrêmisme. Les enseignements que l'on retire en prenant le temps de les méditer ne sont pas plus mauvais que ceux d'une autre grande religion, prônant le respect des aînés, l'amour de son prochain, etc... Méditation malheureusement interdite par le principe chiite qui dit que seul les initiés sont aptes à comprendre le Coran. Les Chiites disent aussi que l'homme qui porte la parole de Dieu est infaillible, alors que les Sunnites disent que seul Dieu est infaillible et que l'homme, le prêcheur, peut lui très bien se tromper. (j'ai compris ça là.
Pour enfin répondre à la question qui m'a été posée, je dirai que j'y ai répondu dès le début. Me dire de choisir une religion parce qu'elle est mieux que les autres, c'est comme dire à un Musulman que la Kronenbourg c'est pas bon et que la bière belge c'est génial. Ça l'informe, il pourra le répéter à un Anglais fraîchement débarqué en France, mais il ira jamais en boire. Moi c'est pareil. J'ai pas 'quitté' le catholicisme pour rentrer dans une autre religion. C'est la religion dans son concept que j'ai quittée. Alors maintenant, quant à savoir quelle est la meilleure... je laisse les autres décider pour eux-mêmes. Ce sont des grands garçons (et des grandes filles).
Le sujet de ce pourquoi étant quand même faut le dire d'un tout autre acabi que les autres, les commentaires sont bienvenus, surtout s'il s'agit inexactitudes. Et pour discuter aussi, forcément.
Pourquoi? posé par ajamal1@islamway.net