Accueil | News | Concerts | Critiques | Intervious | Articles | Sources | E-Mail |
Groupes: Portishead | Discographie | Roseland NYC | Critiques |
1994
Depuis l’inaugural "Dummy" sorti sur les entrefaites du "Protection" de Massive Attack, deux albums qui ont créé le trip hop, Portishead creuse un sillon unique. Ici, les samples, les scratches et les parties instrumentales servent toujours la voix de Beth, mais elles sont rehaussées en live par un grand orchestre qui donne une ampleur inaccoutumée à l’ensemble. Le blues de la chanteuse n’en est que plus poignant, les morceaux y gagnent un grain et un volume particulier qui renforcent l’étrangeté du son Portishead (TM). Plus intriguant que jamais, plus réussi aussi. De tous les groupes ayant émergé du mouvement trip-hop de Bristol, rares sont ceux qui peuvent se targuer d’avoir construit une oeuvre aussi intime et cohérente que celle de Portishead. Trois ans après Dummy, dont les douces mélodies chaloupées hantent encore plus d’une âme errante, le groupe revenait enfin avec un nouvel album, Portishead. Ce concert exceptionnel, organisé sur un parquet ciré new-yorkais, fut l’occasion pour le quatuor anglais de présenter le nouveau venu quelques semaines avant sa sortie, orchestre de quarante musiciens à l’appui (avec section de cordes et cuivres). Lorsque les premières notes résonnent, sur un Humming froid et tendu, le temps semble se suspendre. Menés par la voix fragile de Beth Gibbons, chaque morceau se voit transfiguré par ce concert, et l’on redécouvre la noirceur singulière de ce groupe, cette amertume douce qui nous a déjà tant envoûtée. Au détour de Mysterons ou de Over, la présence de l’orchestre symphonique prend toute sa signification : toujours délicat, rarement encombrant, il soutient à merveille les compositions de Portishead. La structure même des morceaux, souvent basée sur des boucles, devient plus libre et laisse s’épanouir les mélodies, offrant même un relief inédit comme sur Strangers, Glory Box ou sur un Sour Times transcendé. Lorsque la cérémonie s’achève, c’est un moment intense, troublant, que Portishead a su créer. Un moment auquel on est tout simplement heureux d’avoir été convié. Le voilà enfin, le disque tant espéré (pour ceux qui ont suivis mes aventures du mois dernier). En tant que fan affirmé et convaincu, je souhaite le plus ardemment du monde ne pas être déçu par mon attente. On met le CD dans la platine, on retient son souffle.....Et là, c'est magique....Après que les violons se soient accordés (Le groupe joue avec l'appui d'un orchestre de cordes), on démarre d'entrée avec Humming. Le son est précis, rugueux, torturé, soigné, créant une nappe ensorceleuse que seuls les scratchs d'Andy Smith viennent déchirer, les violons répondent aux machines, et la voix de Beth Gibson pénètre dans nos tympans comme un mot doux acide....Du vrai bonheur. Il est nécessaire de préciser que le guitariste et "leader" du groupe Adrian Utley est un magicien du son et que l'enregistrement du concert a dû s'effectuer sous sa houlette, attentive, et le mixage être particulièrement travaillé. Il n'empêche, la production n'enlève pas la magie, les arrangements sont extraordinaires, et les ambiances qui jaillissent de la musique confirme PORTISHEAD au rang de groupe indie pop de la décennie, car bien plus qu' "inventeurs " du Trip Hop au même rang que TRICKY, ou MASSIVE ATTACK, ils sont surtout les instigateurs d'un nouveau style.....Le romantisme fin de siècle......Et leur musique, inimitable, restera longtemps dans le fond des têtes, à déchirer les âmes.....Une p'tite clope, Beth ???? |